Test de L.A. Noire, développé par le studio Team Bondi et édité par Rockstar Games

Sorti en 2011, le jeu de Rockstar aux airs de polar offre l'histoire de Cole Phelps, jeune homme revenu du front japonais chez lui à Los Angeles, après la guerre de 40 contre la coalition nazie, et ayant rejoint le corps de police de la Cité des Anges. Tout au long de l'aventure, l'ancien soldat, récompensé pour ses exploits sur le champs de bataille, va gravir les échelons en exerçant chez les différentes sections de la police, de la circulation aux incendies criminels. Nous contrôlons Cole dans un environnement à monde ouvert agréablement fidèle à l'époque et, dotés d'une plaque de police, d'un pistolet et d'un chapeau, nous devons faire progresser l'agent dans des enquêtes, interroger les suspects, obtenir des preuves, jusqu'à ce que tout ceci finisse malheureusement par concerner le personnage.  

Jazzy-Cop

L.A. Noire peut facilement nous plonger dans cette Amérique de la côte ouest, celle du retour de la guerre au pacifique, où tout semble net et mélodieux comme avant, alors que quelque chose d'irrémédiable s'est produit. Le vieux Los Angeles, très propre, offre l'opportunité de voir la ville alors qu'une grande partie n'est pas encore étouffée par de grands bâtiments. Plus de 90 véhicules peuvent être conduits, exclusivement des 4 roues à l'exception d'une voiture spéciale, avec un vrombissement qui fait sentir à quel point on ne pouvait pas dépasser à cette époque les 100 km/h sur les grandes routes, elles encore très blanches. 

Certes la maniabilité ne vaut pas celle d'un Need for Speed, ni non plus celle d'un GTA V, mais les heures à courir les enquêtes et les délits toutes sirènes déployées donnent un aspect grisant à l'aventure de Cole. Les automobiles sont très fragiles, le moindre couac creuse la carrosserie, mais pas de panique, une cinématique et tout s'en va. Notons une quinzaine d'armes d'époque, dont vous vous doter lors des courses poursuites à pied ou pendant des échanges de tirs. Dommage cependant que nous ne puissions facilement mettre hors d'état de nuire les suspects en visant leurs membres pour éviter de les abattre. On apprécie de façon anecdotique cette période où tous les hommes mettaient souvent des chapeaux et des costumes, et les femmes ces robes rose, bleue ou jaune quand, entre deux lieux d'enquête dans une Cadillac décapotable, et au son de Louis Jordan à la radio, Cole Phelps et son équipier discutent de la façon dont un homme doit se comporter avec une femme.  

Jouez à l'inspecteur de police

Un enquêteur de police, ça doit enquêter. Il faut rassembler des témoignages, suivre des indices ou encore constituer des preuves pour résoudre des affaires qui parfois peuvent donner du fil à retordre. Rockstar offre tout d'abord une astucieuse manière d'intéragir lors des interrogatoires. Des questions sont à poser, résultant d'indices trouvés ou non, et c'est le joueur lui même qui doit choisir de quelle manière Cole doit interpréter les réponses données. Les expressions du visage, le ton de la voix et le comportement chez l'interrogé permettent ainsi au joueur de déterminer si le témoin ou le suspect ment, s'il dit la vérité ou s'il pourrait en dire plus (Doute). Le joueur a donc intérêt à s'y connaître un minimum en comportement pour bien choisir quelle posture l'enquêteur doit prendre. Des points d'intuition sont heureusement disponibles pour demander l'avis de la communauté de joueurs ou pour retirer une des trois possibilités, un peu comme dans le jeu télévisé Qui Veut Gagner des Millions. 
Personnellement, je n'ai que très rarement réussi à faire un sans-faute des questions, sur toute une affaire qui pourrait compter jusqu'à six séquences d'interrogatoire, et cela surtout à cause de quelques dilemmes proches du piège où deux choix possibles sont tout autant acceptables. Bien sûr, si l'interrogé ment, il faut avancer une preuve pour prouver l'affirmation de Cole, et ainsi en sélectionner une dans le carnet du personnage, où on peut aussi consulter les personnes rencontrées, les lieux suivis et les preuves récoltées, dans toute l'affaire en cours, à tout moment.

Pendant les enquêtes sur les lieux de crimes, il faut chercher les indices, observer l'environnement attentivement, et l'absence d'interface sur l'écran pour indiquer le statut du personnage, excepté une mini-map irrégulière, renforce l'impression de liberté d'interaction, permet de se concentrer sur la scène en détail pour que le contexte entier prenne de l'intérêt. On prend donc un rusé plaisir à inspecter chaque recoin d'une allée ou à faire le tour d'un pavillon pour inspecter le sol.

Cette virée dans les années 40 sait tenir en haleine, si on ne cherche pas à aller au delà des enquêtes et des délits, et la durée de vie du jeu est assez conséquente en la ponctuant des activités intempestives ou encore des objets à collecter, éléments d'achivement fidèles aux jeux de Rockstar.

Il faut se préparer à être plongé dans la fumée des cigarettes dans les bars et les cabarets, au coeur d'une Amérique où le modèle de prospérité et de bonheur quelquefois effleuré semble entamer son effritement. Les noirceurs enfouies de la société émergent doucement à la lumière, et quoi de mieux que d'incarner dans cette situation celui qui pose les questions et qui s'investit, sans savoir qu'il est lui-même une colonne sur ce fragile édifice de la gloire et de la bonté.